Que nous faut-il en RDC et pourquoi ? Balkaniser ou unifier ? Le Congo est-il balkanisable ou unifiable ? Nous tentons ci-dessous une discussion au départ d’un échange avec DL, un contact Skype.
[12:19:41] Didier Lonu: Ok là je comprends, mais ma crainte demeure sur « l’affirmation culturelle de la congolité « risque demain de devenir un problème de nationalité en cas de conflit ou des querelles au sein du partie, connaissant les congolais ,aujourd’hui ils considèrent à Kinshasa tout swahiliphones comme étrangers ou pro-rwandais ou ougandais, alors pensez déjà résoudre ce conflit latent qui risquera d’exploser avec les élections.
[12:32:49] Graphèle Paluku-Atoka Uwekomu: Il est vrai qu’il y ait des congolais qui fassent l’amalgame, qui soient dans la confusion.
Cela est dû au fait que nous ne nous sommes pas connu réellement à l’époque de Mobutu, contrairement à ce que certains voulaient laisser penser.
Il est dommage en effet que bien des personnes à l’Ouest ne connaissent pas bien l’Est et inversement ! Notre parti en est conscient. L’école que nous n’avons pas fait de nos mains, les partis et les associations que nous avons créés sont tous défaillants. Et pour éviter les conflits possibles dans ce domaine-là, Kongo ya Sika a pris justement la précaution de résoudre ce problème à l’entrée : nous ne souhaitons pas dans Kongo ya Sika avoir, comme responsables de haut rang, des personnes qui pourraient poser problème de par leurs origines surtout. C’est le cas lorsqu’on a un parent qui n’est pas congolais d’origine ou qu’on est métis. C’est un peu triste de devoir ainsi discriminer entre congolais, mais je pense que pendant un temps, si nous voulons aller vers la paix, certains congolais devraient se mettre provisoirement à l’arrière de la scène, jusqu’à ce que les esprits s’apaisent et que la nation soit construite sur des bases claires et acceptables pour tous.
Aujourd’hui par exemple, être nilotique ou encore être rwandophone au Congo est un problème à ne pas négliger, à bien traiter si nous voulons éviter l’éclatement du pays, si nous croyons en la valeur de l’unité des peuples établis en RDC.
Si nous n’y croyons pas, nous sommes libres d’organiser la balkanisation du pays ; mais il faut que cela se fasse, dans tous les cas, dans l’ordre et non pas dans l’animosité.
Personnellement, je crois que les congolais ont ou intérêt à garder le pays dans ses frontières actuelles. Cependant que je pense que cette unité doit être voulue de tous, librement, en connaissance de cause pour nous apporter la paix et le bonheur, dans la fraternité qui est le droit de tout un chacun.
[12:45:15] Graphèle Paluku-Atoka Uwekomu: Notre difficulté est que nous n’avons pas assez d’animateurs politiques civiques et patriotes. La plupart sont des néo-colonisateurs qui voudraient subjuguer ceux qu’ils appellent, hypocritement, leurs compatriotes.
Mon combat est de dénoncer de tels hommes qui nous font périr sciemment ou de façon irresponsable !
L’Ituri ne me soutien pas, à cause du tribalisme, du clanisme et du désintérêt de plusieurs de la politique !
Une erreur qui nous coûte très cher et qui nous coûtera encore cher pendant longtemps, surtout, que notre peuple, a été très divisé par le mobutisme, contrairement à l’inverse que certains voudraient nous faire croire !
[12:53:24] Didier Lonu: mais mon frère on ne peut vouloir une chose et son contraire, comment peut-on faire une ségrégation dans la gestion de la respublika et chercher à garder le pays dans ces frontières actuelles. Un exemple devait nous inspirer celui de la famille Obama, je crois que dire aujourd’hui nilotique ou bantou, personne n’a choisi son ascendance; si nous voulons transformer notre monde, nous avons le devoir de transcender nos faiblesses et nos considérations ethniques, je vous le dis parce que j’ai été en Ituri lors des conflits communautaires et transformés en politique par ceux qui croient contrôler l’économie de cette contrée
La politique doit par contre aller dans des considérations plus de développements que des débats du genre ethnie ou souches d’ascendances, si non ,acceptons de ne plus vivre en paix ,il y a longtemps que Mobutu à gérer ce pays dans ces frontières, il n’ya pas eu ce problème pourtant les Bisengimana étaient aux affaires, simplement, je crois que bonne philosophie serait de se demander ce qu’on apporte à notre pays nous tous, nos frontières ont été conçues et décidées sans le consentement de nos rois ou empereurs, alors personne n’a décidé de serait son voisin, étant donné que la RDC partage ses frontières avec neuf États, nous devons au contraire concevoir une politique d’unité dans la diversité et la stigmatisation des uns par les autres ; personne n’inquiète les populations du Bas-Congo ou de l’Equateur les traitant d’angolais ou autre pourquoi cet acharnement sur les gens de l’est, oui! Je vois, c’est parce qu’ il n’ont pas le droit de s’affirmer ou comme vous l’avez dit ils pas était connu sous Mobutu
[18:57:29] Graphèle Paluku-Atoka Uwekomu: [12:53] Didier Lonu:
<< mais mon frère on ne peut vouloir une chose et son contraire, comment peut-on faire une ségrégation dans la gestion de la respublika et chercher à garder le pays dans ces frontières actuelles . »Faire une ségrégation dans la gestion de la République » et « chercher à garder le pays dans ces frontières actuelles » est-ce deux propositions contradictoires ? Il faut que nous revoyions nos notions de logique, pour arriver à un accord.
En plus, à quoi fais-tu allusion lorsque tu parles de « faire une ségrégation dans la gestion de la République » ? Est-ce le fait de suggérer que les métis, les congolais par naturalisation et les rwandophones s’abstiennent de certains postes critiques pour l’avenir de la nation (présidence, primature, l’état-major général, etc.) que tu considères comme faire de la ségrégation dans la gestion de la chose publique ?
Si tu es de ceux qui prônent le démembrement, la balkanisation, de la RDC, je peux te comprendre parfaitement, étant issu de la même contrée que toi. Nous avons toujours eu le sentiment, pour les uns, et la conviction, pour d’autres, que l’Ouest de la République vivait sur notre dos, nous colonisait même ! Partant, nous nous sommes toujours posés la question de savoir s’il valait la peine ou pas de continuer le chemin avec cet Ouest que nous ne sommes nullement obligé de porter comme un poids. Cela est clair dans notre esprit à l’Est, même si, à l’Ouest, l’on ne perçoit pas toujours bien le vécu de 37 ans de vie commune (60-97) à l’Est du pays.
Il convient cependant que noter que même chez nous à l’Est, plusieurs croient encore en l’avantage que nous aurions à mener une vie commune à la condition que la dictature et le colonialisme congolais cessent. Par ailleurs, jusque 97, l’Ouest était pour nous le démon. Depuis, la donne a beaucoup changer : Kabila n’a pas été autre chose qu’un dictateur de plus. Dans notre propre gente des swahiliphones, les patriotes ont déchanté : nous pensions que venant de l’Est, LDK ne ferait pas ce que fit Mobutu, qui pour nous, était devenu le symbole de l’Ouest. Nous pensions qu’il montrerait à l’Ouest combien nous sommes « civilisés » ! Or, que fut son premier jour de pouvoir sinon que l’auto-proclamation comme président ? Pour ceux d’entre nous qui considèrent que JHK soit de l’Est, quelle n’est pas aujourd’hui aussi leur déception ? Il a commencé par sa nomination comme président, par une bande qui reste inconnue de la plupart de congolais, dans le mépris total de la constitution et de la loi de la RDC. C’est lui, qui, par deux fois durant fera pire que Mobutu dans le domaine du tripatouillage électorale et d’assassinats politiques après arrestations arbitraires ou par empoisonnement des opposants, s’il faut en croire les témoignages qui nous parviennent du pays.
[19:35:24] Graphèle Paluku-Atoka Uwekomu: Toute l’Afrique n’a que des frontières provisoires, il est vrai. Ces frontières sont un héritage colonial ; et, logiquement, rien ne nous oblige à les garder tel quel, si elles freinent notre développement commun. Cependant, en tout état de cause, une telle séparation, si elle devait avoir lieu, comme récemment au Soudan, doit être bien murie, planifier ensemble, dans le seul but de l’efficacité dans notre démarche pour le développement de l’Afrique. Cela, pour qu’elle n’accouche pas d’une petite souris, mais d’une véritable paix entre nos peuples et d’une véritable accélération de notre développement.
Dans ce cadre, il est clair que tôt ou tard, certains peuples, qui ont été divisés par le colonisateurs ou même par nos propres frères africains – parce qu’il y en a : entre le Bandundu et l’Equateur par exemple – choisiront de reconstituer leurs unité et personne n’aura le droit de les en empêcher. Lorsque les deux Allemagnes ont décidé de se réunir à nouveau, qui les en a empêcher ? Lorsque dans le Balkan, certains peuples ont résolu de se séparer, qui les en a empêchés ?
Or, au Soudan, par exemple, l’expérience, quoique jeune encore, n’est pas très rassurante… C’est dire que certaines séparations font mal et que d’autres font du bien à leurs protagonistes. Nous congolais, avons l’avantage d’avoir des exemples de « réussites » et d' »échecs » sous nos yeux pour nous instruire, nous inspirer de bien meilleures décisions.
Cher frère, déconseiller, refuser ou rejeter la balkanisation aujourd’hui c’est pour nous, dans le cadre du Projet 2014 : d’une part croire que nous serons plus forts en demeurant ensemble, en corrigeant nos « tares » ensemble ; et, d’autre part, se dire que nous avons après tout un parcours de marche commune de 54 ans qui n’a pas été fait que de déboires. Inutile de lister ici ce que nous avons pu faire ensemble de significatif, surtout, avant 1974, juste avant le crash pétrolier. La preuve est que nous échangeons, non seulement parce que nous sommes cousins ou nilotes comme certains voudraient le penser, mais aussi parce que nous sommes et nous voulons être congolais, pour construire un grand État au centre de l’Afrique, par-delà nos appartenance patriarcales, claniques, tribales, ethniques et géographiques.
Quant à ce qui est de nos appartenances ethniques ou autres, je pense que certains se laissent distraire et font en même temps montre d’un manque d’honnêteté intellectuelle.
Prenons le cas d’Obama. A moins que je ne m’abuse, il est nilote, noir à leur critère. A ce que je sache, il s’affirme comme tel et ne s’en offusque pas. Par expérience, je constate dans ma vie qu’il faut se méfier des personnes qui renient leur identité ou intériorisent mal leurs valeurs culturelles. Parce que ces gens, en situation de mixité, sont les moins à même d’apporter de la richesse et de l’universalité dans la vie communautaire. Je ne vois pourquoi je renierais mon alurité, ma swahilicité, ma négritude et mon accidentalité ! Je te concède que certaines personnes aient du mal à gérer dans leur vie plusieurs cultures à la fois, faute de n’avoir eu à pratiquer la multi-culturalité dans leur jeune âge. Mais est-ce une raison pour interdire aux autres de vitre leurs valeurs culturelles ? Je ne suis pas alur pour que les autres ethnies en meurt : bien au contraire. Je le suis pour apporter à autrui ce que je crois fermement être de nature à faire avancer notre Humanité, dans mon alurité, dans ma swahilicité, dans ma négritude, dans mon kibali-iturité. Perçu de cette manière, l’individualité, la famille, la patriarchie, la clanité, la tribalité, l’ethinicité et la régionalité ne sont pas des dangers : c’est bien tout le contraire. Ce sont elles qui nous aideront à bâtir, au cœur de l’Afrique, un pays fort, prospère, convoité des autres nationalités d’alentours. Ceux qui ont peur de ces choses sont souvent ceux qui veulent renier aux autres leurs identités, ceux qui cherchent à dominer ou qui jalousent faute de ne vouloir s’élever avec les autres ! Il faut résister à ce type d’hommes. Ce sont eux qui forment les bandes de colonisateurs, de dictateurs et d’imposteurs qui déciment aujourd’hui, matériellement et immatériellement le congolais.
Quant aux barons du régime mobutien auxquels tu fais allusion, comme si tu ne l’avait pas connu, comme si tu ignorais que ce sont eux qui ont amené le pays dans la situation où elle se trouve, avec notre bénédiction, nous, peuple congolais distrait, il serait étonnant que tu leur fasse pareils éloges quand nous savons qu’ils ont encore des comptes à rendre à notre nation ; même du tréfonds de leurs tombes. Le mobutisme a spolier nos mœurs.
Le mobutisme nous a sournoisement divisés. Les conséquences directes de son action sur notre nation pendant 32 ans, sont notre incapacité aujourd’hui à travailler ensemble, la dépravation de nos mœurs par des artistes issus de cette époque des plus sombre de notre histoire, notre notoire incapacité à gérer la chose publique professionnellement.
La pierre n’est pas à jeter que sur le mobutisme : nous l’avons cautionner pour la plus part. En 1976, quand nous refusions de prendre le bulletin vert, nous étions accusés de rechercher le bain de sang. Or, le mobutisme est parmi le mouvement qui fit couler beaucoup de sang tant congolais qu’étranger sur notre territoire. Aujourd’hui, la majorité d’acteurs de cette époque nous sont redevables d’explication sur le mobile de leur dédain et de leur brimade lâche de l’homme congolais. C’est dire concrètement que le mobutisme a fait le lit du kabilisme et du joséphisme. Loin de nous, contrairement à ce que tu fais, l’idée de soutenir un jour un régime qui a fait des milliers d’exilés congolais dans le monde et qui a envoyé beaucoup de notre dans la tombe par des assassinats de toute sorte. C’est dire que le pays mis dans l’ordre, il faudra appliquer la loi et interpeller tous ceux qui n’ont pas eu du respect pour le genre congolais, de quelque régime qu’il soit. Ce n’est que de cette manière que nous pourrons dissuader les autres velléités dictatoriales, colonisatrices.
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