Frère,
Sont-ce les nilotiques (hema, tutsi et banyamulenge +/-= tutsi ?) qui prennent leur revanche ou quoi ? Je n’ai aucun dossier en main ; je demanderai à qui de droit si je peux en avoir ; ne serait-ce que les conclusions des avocats. C’est ce qui me permettra de conseiller là où je peux être utile pour notre pays moribond : pour un temps !
Moi, je crois que le combat juridique est ce qui peut nous avancer vers une paix durable. Ce combat, il faut le commencer au Congo même et ne pas craindre le régime ni le gouvernement en place ; mais bien se préparer pour être convainquant et dissuasif d’un point de vue diplomatique, au national comme à l’international. Et je propose de recourir à la balkanisation stratégique, si l’attente n’est pas possible entre parties dans un court terme ; comme personnellement, nous le prédisons. Cette balkanisation doit permettre à chaque peuple (clan, tribu ou ethnie ou alliance) de choisir avec qui travailler sur un destin national et sur le traitement des dossiers en cours et de vivre ses échecs et ses succès, afin de prendre la mesure objective de la qualité de sa politique. L’unitarisme du MPR ne nous avance à rien :il faut avoir l’humilité de le reconnaître. Sinon, que fera Dieu de nous ? Ce ne sera pas facile. Parce que, les diviseurs, s’ils existent, en profiteront. Définitivement, ce sera pour le bien de ceux qui sauront négocier des coopérations saines, qui ne se seront pas trompés dans leurs calculs.
La majorité de nous congolais pense que ce sont les armes qui résoudront les problèmes du moment. Pour nous, ce problème est celui de la rébellion contre des régimes d’imposteurs politiques qui favorisent le banditisme de droit commun et le banditisme international. J’ai toujours dit que c’était impossible de résoudre nos problèmes avec les armes ; mais que par la voie juridique, nous épurerons le pays du banditisme politique et par voie de conséquence du banditisme de droit commun.
Mes compatriotes ne m’attendent pas de cette oreille, même s’ils me disent souvent, en privé : « tu as raison Paluku, mais nous ne savons pas te soutenir en public : pour ne pas mourir… ». Qu’allons-nous proposer : demander la séparation du nilotique d’avec le non-nilotique, demander la séparation de l’Est d’avec l’Ouest ou demander de mener la guerre contre le M23 et le Président rwandais ? La première proposition serait insensée : les nilotiques ne se sont jamais préparés pour une séparation d’avec les non-nilotiques. La deuxième proposition ne convient pas à beaucoup de nos frères de l’Est aussi. La guerre contre le M23 ne fonctionnera pas parce que le M23 est un mouvement rebelle congolais avant tout le reste ; quand bien-même les ennemis du rwandophone ne veulent pas le reconnaître.
Les tribunaux et les forces des Nations Unies sont inefficaces par essence : nous le voyons. En effet, New York est piloté par des lobbies aux intérêts opposés, mais qui, lorsqu’il s’agit de dépecer l’Afrique, finissent toujours par sacrifier cette dernière, parce qu’elle tarde à se prendre en charge, vue qu’elle est, dans l’état actuel, un continent colonial, asservi, sans leaders valables, sans ressources humaines capables de la représenter correctement devant le concert des nations. La preuve se trouve aussi dans la démarche de cette conférence, qui a un relent colonial… Comme toujours !
Les non-nilotiques n’entendent pas les choses telles que je les voie s’annoncer dans cette conférence à laquelle je ne participerai pas ; parce qu’elle va se terminer sur un chaos total, de toute évidence, en queue de poisson, dans la confusion, si nous tenons compte de l’état d’esprit de la majorité des Congolais d’aujourd’hui et de celui du collectif des avocats impliqués dans l’organisation de ladite conférence ! Pour eux en effet, les démons actuels sont le M23, Paul Kagame et les Occidentaux, quoi que vous disiez, quoi que vous pensiez, quoi que vous fassiez. Aucun – en exagérant, comme j’en ai l’habitude, pour éveiller – ne veut décortiquer les problèmes dans leurs origines, dans leurs coûts ni dans leurs conséquences. Ils viennent de demander de couper les têtes d’on ne sait qui, on ne sait pourquoi, alors que les leurs sont, pensons-nous, les premières à mettre à la guillotine… Cependant, quand interviendra l’alliance nilo-soudanaise dans l’affaire – ce qui risque de ne pas se faire attendre – les cartes seront redistribuées et les bantous et les pygmées, se retrouveront contre une force qui, au Congo actuel, ne pourra que prendre le dessus de la guerre que les bantous recherche sans savoir avec qui ils devraient réellement marcher. Parce qu’au fond : les bantous et le nilotiques qui se battent, ne sont-ils pas descendants d’un même aïeul ? Cela dit, notons que partout dans le monde, ce sont les cousins qui s’entretuent ; comme dans le jardin d’Eden, c’est Caïn qui tua Abel.
Dans ce monde païen, glauque, je ne me permettrai pas d’approcher, bien-aimé. Ma gente et la tienne n’ont-elles pas pour devise de ne jamais trahir ? Je ne prendrai pas le risque d’avoir Dieu pour partie adverse, contrairement à ce que certains voudraient toujours tenter.
