KIVU
LA POUDRIÈRE QUI RISQUE D’EXPLOSER ET LA DIVERSION ÉLECTORALE
Pendant qu’on nous distrait avec un processus électoral hypothétique le pays est envahi par les troupes étrangères, non seulement, faisant de nos terres un champ de bataille et une zone de défense des pays voisins, mais aussi plantant les décors de l’implosion du Congo. Il y a plus d’un mois nous avions dénoncé l’infiltration des troupes rwandaises au Congo, notamment le 51ème bataillon commando de l’armée rwandaise, RDF, qui a créé une vaste zone de manœuvres de près de 30 Km dans les hauts plateaux d’Uvira, au Sud-Kivu, où ces militaires étrangers sont coalisés aux rebelles burundais que le régime de Kigali soutient pour déstabiliser le régime de Nkurunziza. En face d’eux il y a, d’une part, les rebelles rwandais du mouvement du Général Kayumba Nyamwasa, RNC et alliés qui s’organisent dans une forêt impénétrable de Bijebo ainsi que les « guerriers banyamulenge » regroupés dans deux groupes des milices locales, « Gumino » et « Twagineho », et , d’autre part, les combattants-résistants locaux soucieux de défendre leurs terres face aux agresseurs. Plusieurs affrontements ont déjà éclatés entre les parties en conflit, et ce qui inquiète beaucoup est que les conflits ethniques aux conséquences dévastatrices sont de nouveau instrumentalisés. Il n’est donc pas étonnant de constater que c’est à ce moment précis que la question du pouvoir coutumier opposant les banyamulenge et les fuleru dans le groupement de Bijombo où ils se disputent le poste de chef de groupement refait surface.
En réponse, le gouvernement du Burundi vient aussi d’envoyer dans la même zone son 212ème bataillon commando pour faire face aux rebelles burundais alliés des militaires rwandais. 385 militaires burundais, selon les premières informations, ont donc traversés la frontière ce 20 octobre et ont vite regagnés les hauts plateaux en traversant les environs de la cité de Sange sur la route national N° 5. Contrairement à l’information répendue et que les autorités provinciales ont confirmées, par ignorance ou par complicité, ce ne sont pas les rebelles du FNL qui sont venus du Burundi mais plutôt des militaires de l’armée régulière burundaise lourdement armés. Et, qu’on ne vous trompe pas, selon des sources sûres, toutes ces armés étrangères sont entrées au Congo avec l’aval de Joseph Kabila, sous le regard impuissant de certains militaires congolais qui nous font part de leur étonnement car la hiérarchie s’abstient à combattre ces « étrangers » ennemis.
Au même moment, les infiltrations sont aussi signalées dans le territoire de Rutshuru et Masisi au Nord-Kivu comme, d’ailleurs l’a dénoncé la société civile du Nord-Kivu à travers un communiqué, mais aussi les attaques des dits « rebelles ADF » s’intensifient à Béni où l’armée ne fait que ramasser des corps de ses hommes et compter les victimes civiles qu’elle est censée protéger et dont le nombre a dépassé 3.000 femmes, enfants, jeunes et vieux morts atrocement. Curieusement, que ça soit à Beni, à Uvira, à Fizi et ailleurs ceux qui sont combattus par l’armée congolaise ce ne sont pas les troupes rwandaises et burundaises, ni les rebelles de ces deux pays (FNL, RNC, FOREBU, FDLR…), moins encore les égorgeurs « ADF » de Beni mais plutôt les combattants-résistants locaux qui ont pris les armes pour défendre le pays et se protéger contre les agressions étrangères. À Fizi, des gros moyens militaires sont employés depuis plusieurs mois pour « écraser » les résistants en vain. Dans les hauts plateaux, l’armée a récemment contourné les positions des rebelles burundais et commandos rwandais pour aller attaquer les positions des patriotes résistants qui sont en face de ces étrangers dans la forêt d’Itombwe, comme qui dirait qu’elle ne veut pas qu’on touche à leurs protégés. Vous aviez vous-même vu dernièrement l’agitation du commandant des opération Sokola 1, le Général Mbangu, à Beni qui s’est empressé de publier un communiqué menaçant les résistants mai-mai qui progressent vers Béni, non pas pour attaquer les FARDC, mais pour traquer les égorgeurs dits « ADF ». Des exemples de l’acharnement suspect des FARDC contre les combattants du peuple pour laisser mains libres aux ennemis étrangers sont nombreux et la situation sécuritaire au Kivu est telle qu’il faut une prise de conscience nationale afin de faire face à ce énième complot contre notre pays au lieu de nous laisser endormir par les élections hypothétiques.
Il est vrai que nous voulons tous des élections, et c’est vraiment une extrême nécessité pour pouvoir doter le pays des nouveaux dirigeants capables, entre autres, de rétablir la paix et défendre nos frontières rendues poreuses par ce régime, mais il ne faudrait pas que cette nécessité soit utilisée par nos ennemis comme une diversion pour planter les décors d’une vaste guerre aux conséquences dévastatrices pour le pays ou que le désir des uns et des autres de conquérir le pouvoir puisse supplanter nôtre devoir patriotique d’assurer la survie même de nôtre nation. J’ai l’impression que ce processus électoral a été conçu pour atteindre un autre but que nous sommes entrain de faciliter sans le savoir. Car ce n’est pas normal que tout un peuple assiste aussi impuissament aux infiltrations des armées étrangères sur son sol, à la transformation de sa terre en champ de bataille des forces étrangères et à l’extermination d’une partie de lui-même. On dirait qu’il y a une volonté quelque part d’occuper nos esprits par la question des élections qui, de toutes les façons, n’auront pas lieu comme d’ailleurs l’a souligné l’UDPS justifiant sa position « stratégique » actuelle par rapport à la « machine à voter », afin d’accomplir un plan. Si nous sommes vraiment sûres qu’il n’y aura pas des élections ou que c’est impossible d’avoir des bonnes élections avec Joseph Kabila ou dans les conditions actuelles pourquoi alors s’y focaliser,dépenser autant d’énergie et des moyens, détourner nôtre attention de l’essentiel au lieu d’amorcer une voie qui puisse nous amener irréversiblement aux bonnes élections sans hypothéquer l’avenir sécuritaire du Congo ?
Il est donc temps de nous réveiller chers compatriotes. La situation sécuritaire du Kivu est explosive et il y a des raisons de craindre le pire qui, si une fois arrivé, on aura même pas la possibilité d’organiser les dîtes élections dans ce pays après 5 à 10 ans, voir plus. Nous voulons les élections parce que le Congo est uni, nous les voulons parce que le peuple congolais existe, parce qu’il y a des citoyens à Bukavu, à Uvira, à Béni, à Bunia… qui ce sont enrôlés et doivent pouvoir voter. On aura pas besoin de ces élections si demain ce pays est de nouveau divisé en plusieurs parties, chacune occupée par des forces étrangères ou des rébellions avec la probabilité de ne plus jamais retrouver l’unité du Congo . On n’en aura pas besoin si la moitié des électeurs sont dévorés par des guerres aux enjeux nationaux, régionaux et internationaux qui risquent d’éclater à partir du Kivu. Cette région est une poudrière dont l’explosion n’épargnera personne ,ni aucun coin du pays, surtout pas Kinshasa où se joue le jeu de cache cache entre les acteurs politiques et leaders d’opinions. En tant que patriote engagé je fais mon devoir. Je nous ai donc prévenu !
Sé Marcelin CIKWANINE