Kampala III nous apportera-t-il une solution à notre problème d’insécurité à l’Est de la République ? Le cas échéant, comment sera-ce ?
De : congocitizen@yahoogroups.ca [mailto:congocitizen@yahoogroups.ca] De la part de Sandra Bushiri
Envoyé : samedi 8 septembre 2012 13:43
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Objet : [congocitizen] SOMMET DE KAMPALA : KAGAME BLOQUE LA PAIX ET TRAHIT LONDRES
SOMMET DE KAMPALA : KAGAME BLOQUE LA PAIX ET TRAHIT LONDRES
Le Président rwandais a décidé de sécher le sommet de Kampala III en préférant se faire représenter par Kabarebe et Mushikiwabo. Objectif : faire commettre à Kinshasa une faute diplomatique qui conduirait à une reconsidération des choses et une redistribution des rôles dans ce conflit. Entre-temps, convaincus d’un nouvel acte contre la paix de la part du Rwanda, des analystes occidentaux interpellent Londres sur sa récente décision de rétablir son aide à ce pays.
Ce sont des Chefs d’Etat et de Gouvernement désabusés qui ont attendu en vain de participer au sommet de la CIRGL qui devait se tenir le vendredi 8 septembre 2012. Le sommet de Kampala aura lieu en vue de finaliser le projet de déploiement d’une force internationale neutre aux frontières entre la RDC et le Rwanda, notamment pour traquer les forces négatives à commencer par le M-23. Alors que le calendrier était arrêté d’avance et que, depuis le début de la semaine, experts puis ministres des pays de la sous-région se réunissaient pour préparer les dossiers, le Président rwandais, Paul Kagamé a décidé de sécher la rencontre des Chefs d’Etat. Ce rendez-vous – le troisième de la série en deux mois – était pourtant calé de longue date pour ce 8 septembre, mais a dû être repoussé au 9 septembre puisque les ministres de la défense n’avaient pas terminé leurs travaux à temps.
C’est dans la foulée que l’on apprendra que Paul Kagamé, qui a participé aux deux précédents sommets, a préféré se faire représenter par ses ministres de la défense, James Kabarebe, et des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo. Selon des sources médiatiques, le président rwandais auraient préféré ne pas se rendre à Kampala parce que la RDC et la Monusco l’accusent d’être le responsable de la nouvelle déstabilisation de l’Est de la RDC.
Pour les observateurs, cependant, cette attitude de Paul Kagamé ne devrait étonner personne, car le président rwandais se trouvait déjà, depuis quelques temps, dans une logique d’enlisement. Plusieurs actes posés par lui-même et ses principaux collaborateurs attestent cette thèse, en effet.
Paul Kagamé : prix Nobel de la conflictualité
La plus grande fut l’interview de James Kabarebe accordée à Colette Breackman. Cet entretien était considéré par tous les spécialistes de la diplomatie comme une provocation, pire un piège visant à faire écrouler tout l’édifice diplomatique érigé, jusqu’à ce jour, pour sortir l’Est de la RDC de ce nouveau bourbier de l’insécurité. Tout, dans les propos du ministre rwandais de la défense, était articulé pour provoquer des incidents diplomatiques à tous les niveaux : avec Kinshasa, avec la Belgique dont Didier Reynders en appelle à des sanctions concertées contre le Rwanda, avec l’ONU et même avec ses pairs de la région des Grands Lacs.
Le deuxième acte, qui découlait du précédent, fut l’annonce, par Kigali, du retrait de ses « soldats » qui, selon ses autorités, se trouvaient sur le sol congolais depuis 2009 dans le cadre de la traque conjointe des FDLR. Une manière, pour Paul Kagamé d’ébranler les convictions internationales sur la version d’agression de la RDC, et de discréditer le Gouvernement congolais aux yeux de sa propre opinion. La finalité, dans cette équipée, était certainement, pour Paul Kagamé, de reprendre l’initiative diplomatique en se faisant maître du processus de paix.
Le dernier acte en date a été celui des experts du Rwanda qui, jeudi dernier, avaient voulu bloquer les discussions sur le profil de la force internationale neutre qui, manifestement, n’arrange les affaires ni de Kigali, ni du M-23. Les experts congolais de la défense ont, en effet, accusé leurs homologues rwandais de refuser l’examen de la proposition des ministres de la Défense sur l’implication des Nations unies et de l’Union africaine dans la force neutre.
Il est connu que le Rwanda n’est pas favorable à la participation de la mission onusienne déployée en RDC dans cette force neutre, comme le proposent certaines personnalités et organisations. D’ailleurs, les ministres de la Défense des pays des Grands lacs avaient déjà décidé, lors de leurs précédentes rencontres, que cette force neutre devrait être placée sous le mandat de l’Union africaine et de l’ONU.
L’estocade manquée de Kampala
Après avoir ainsi placé le décor du chaos politique, Paul Kagamé a ciblé Kampala III comme le théâtre de l’accomplissement de sa démarche. L’homme sait, en effet, qu’en diplomatie, tout se joue sur un mot, un geste ou un rendez-vous sur mille. Après avoir soumis le leadership congolais à un rude exercice d’emmerdement maximum, Paul Kagamé a voulu confronter directement James Kabarebe à Joseph Kabila à l’endroit de qui il avait été plus que désobligeant dans son entretien avec Colette Braeckman. Ce faisant, Paul Kagamé escompte un écart de comportement de la part de Kinshasa et ses autorités afin de boucler son plan de chaos diplomatique visant à faire redistribuer les cartes et les rôles dans ce nouveau conflit.
Seulement, le Rwanda a oublié que l’expérience forme et forge l’homme plus que les études livresques. La récurrence de ses croisades meurtrières a permis à tous les observateurs de cerner les visées et les stratégies de Kigali afin, aujourd’hui, de savoir les déjouer. Depuis le début de ce conflit, en effet, Kinshasa a su se montrer plus qu’exemplaire dans sa croisade diplomatique qui fera certainement école dans les facultés des relations internationales.
Quand Kigali trahit son grand allié britannique
Finalement, on en arrive à s’interroger sur les motivations qui ont été à la base de la décision de la Grande Bretagne de rétablir son aide au Rwanda. Londres a justifié cette décision par le fait que le Rwanda aurait beaucoup fait pour la recherche de la paix en RDC. Une justification qui sonne radicalement faux par rapport au contexte de la décision du Royaume Uni. Laquelle décision est caractérisé par les graves révélations du rapport des Nations Unies sur l’implication du Rwanda dans la crise à l’Est de la RDC. Et jusqu’à ce jour, rien n’a changé à la donne. La preuve c’est que la plupart des diplomates qui avaient assisté à la présentation des moyens de défense du Rwanda au Conseil de sécurité ne les avaient pas trouvés convaincants.
D’aucuns se convainquent que Londres a dû se faire duper par la dernière pichenette de Kigali qui avait voulu présenter ses officiers de renseignements présents en RDC dans le cadre de la « Joint Military Commission » comme des soldats de l’opération « Umoja Wetu » datant de 2009. Mais lorsque le Gouvernement britannique se réveillera sur la supercherie de Kigali, personne ne paiera cher la peau de Paul Kagamé…
Pascal Debré Mpoko
