Le 30 juin 2014 est le jour de cette année-ci où nous congolais commémorons notre indépendance de nom. Une indépendance prétendument acquise le 30 juin 1960. Quelques personnes, du pouvoir comme de l’opposition, sont en fête. Bien habillées, bien nourries, les visages rayonnant de joie, prenant des boissons mousseuses…
Pendant ce temps, une frange non importante de congolais était comme nous. Triste de voir que nous nos frères meurent encore à nos frontières avec le Rwanda. Attristée de savoir que nous soyons encore, pour une troisième fois, sous l’imposture. Consternée que certains d’entre nous n’aient pas encore compris, et encore moins accepté, que nous ployons encore sous le poids de plusieurs servitudes. Ce permettant de rire au lieu de pleurer, de faire la fête au lieu de faire deuil, jouissant au lieu de compatir, se mariant au lieu de combattre…
Nous pouvons nous douter que Lumumba et les siens nous voulaient du bien : la liberté que mérite tout groupement d’hommes qui décident de faire le avenir ensemble. La question qui se pose est : étions-nous un groupement nous un état digne de ce nom ou étions-nous plutôt jusque-là une colonie : c’est-à-dire, un groupe d’hommes forcés par d’autres à avoir un même destin ?
Aujourd’hui, le Congo a difficile à décoller parce que les hommes politiques congolais ne savent pas comment réunir démocratiquement les peuples du Congo autour d’un projet de société. Chacun d’eux, plutôt que de tenter de donner un nouveau sens à notre nation, cherche plutôt comment dominer, se faire la gloire ou amasser de la fortune. Amasser de la fortune pour sa famille, sa patriarchie, son clan, sa tribu, son ethnie, sa race ou sa terre…
Le peuple, très insuffisamment instruit, éduqué et formé, ne sait pas à quel saint se vouer, se demande quoi faire ou comment procéder. Comptant sur le clientélisme et le népotisme, tous ou presque, nous avons investi dans des hommes véreux et incompétents. Nous en payons prix. 6 à 12 millions que nous serions morts, n’a pas encore suffit à susciter la prise de conscience du danger que nous courons, nous plus que des opportunités que nous laissons nous passer devant le nez.
Chic, choc, chèque est le congolais d’aujourd’hui, comme celui des années 80. Nous sommes plusieurs hommes et femmes à nous être investis dans une course aveugle pour l’enrichissement, le plaisir et la gloire. Plutôt que de nous mettre au travail pour nous forger une identité, un destin qui soit digne de notre gente humaine, pour une indépendance véritable, c’est-à-dire, la capacité et la prise en main de notre destin.
Ce que nous proposons aujourd’hui, ce 30 juin 1960, c’est par exemple, pour le peuple de Mahagi, de porter une attention accrue portée sur son développement. Ce que nous proposons au peuple de Beni, c’est de se concentrer sur la liste de ses problèmes qui ressortent de notre enquête préliminaire qui vient de s’y achever. Notre proposition aujourd’hui au Kasaï, c’est l’engagement pour un soutien plus accru aux peuples frères des Kivu, du Katanga, du Maniema, de l’Orientale… Rechercher l’indépendance aujourd’hui, pour la RDC, passe par la fixation des normes, qui permette au Bas-Congo de participer à sa pacification, mais aussi à la pacification de l’Equateur ou du Maniema. C’est cela, vraiment, bâtir une nation indépendante, qui permette au tutsi rwandais de ne plus avoir peur pour son lendemain, de pouvoir entrevoir avec respect du hutu, son avenir en tant que peuple minoritaire…
C’est à cette condition, de responsabilité et de travail que nous pouvons espérer un jour, acquérir, nous aussi, une parcelle de cette illusoire indépendance que nous propose un monde qui renie son Dieu.
