Très sincèrement, que connaissaient les évêques du M23 ? Qu’en savent-ils maintenant ?
De : Bob Kighoma <bkighoma@gmail.com>
À : vathunga <vathunga@yahoogroups.com>
Envoyé le : Lundi 24 septembre 2012 10h44
Objet : [vathunga] Une délégation des Evêques de la CENCO chez le Colonel Sultani MAKENGA ! Jeudi 19 septembre 2012,
une délégation des Evêques membres de la CENCO (Conférence Episcopale
Nationale du Congo, en sigle) a visité le territoire de Rutshuru.
Accompagné de Monseigneur KABOYI (Evêque du diocèse de Goma), la
délégation a tenté le tout pour le tout, la MONUSCO ayant refusé de
les sécuriser, pour arriver à Rutshuru où une foule immense les
attendait.
Au cours de la célébration d’une messe dite de solidarité, les évêques
ont lu un communiqué dans laquelle ils demandaient au peuple congolais
de barrer la route aux personnes qui veulent balkaniser la République
Démocratique du Congo et piller les richesses du pays. Tel était le
message clé de la CENCO aux populations de Rutshuru, message qu’ils
ont emmené partout dans le monde et qu’ils comptaient amener à Bukavu
et dans les camps des déplacés internes du Nord-Kivu.
En marge de cela, rappelons, en passant, que ces évêques venaient de
faire le tour du monde pour rapporter aussi le message du gouvernement
congolais, accusant le M23 en complicité avec le Rwanda et d’autres
puissances mondiales, de vouloir balkaniser le pays et livrer
certaines parties du Territoire national aux étrangers.C’est dans un
message court et clair que le numéro un de l’armée du M23 a donné la
position du M23 sur à ce qui a fait couler tant d’encre et de salive
dans notre pays, à savoir la balkanisation. La substance du message du
Colonel Makenga, car c’est de lui qu’il s’agit, est la suivante : «
Les revendications du M23 sont nationales et non sectaires. Il
n’existera jamais de balkanisation au Congo tant que le M23 aura la
force qu’elle a aujourd’hui. Le plan de balkanisation n’existe pas et
n’existera pas » a-t-il rassuré aux évêques membres de la CENKO.
Ci-dessous, en intégralité, le message du Chef d’Etat Major Général de l’Armée
: «Excellences Messeigneurs représentants de la CENCO, C’est pour moi
un honneur et une grande opportunité de m’adresser à vous, au nom du
M23, pour retracer l’historique qui nous a amené jusqu’à ce jour de
notre rencontre dans cette salle du diocèse de Rutshuru.
Merci encore une fois du courage, que vous avez eu, de braver toutes
les prophéties de malheur débitées par ceux qui vous voulaient vous
dissuader de venir voir la réalité du terrain et merci pour le message
de réconfort que vous avez apporté à la population du Nord-Kivu en
général et, en particulier, à celle de Rutshuru. Nous savons que rien
n’a été facile. Vous avez entendu beaucoup des choses concernant le
M23, mais nous vous promettons qu’avant votre départ d’ici, vous aurez
un jugement personnel de ce Mouvement, jugement qui vous permettra
d’avoir une version des faits contraire à celle que vous aviez en
arrivant et qui vous permettra de fixer, une bonne fois pour tous,
l’opinion tant nationale qu’internationale sur les raisons logiques et
objectives qui ont pousse le M23 de prendre sa part de responsabilité
dans l’Histoire de notre cher et beau pays la RDC.
Le M23 est un mouvement politico-militaire dont les membres
proviennent majoritairement du Congrès National pour le Défense du
Peuple (CNDP, en sigle). Vous êtes sans ignorer que ce dernier
Mouvement a, en son temps, combattu contre le gouvernement de
Kinshasa, 5 ans durant, et à l’issue d’un accord de paix signé à Goma
(mais négocié dans un processus de paix de Nairobi sous l’égide de la
facilitation des Nations Unies) les militaires ex-CNDP ont été
intégrés dans l’armée congolaise et le CNDP parti politique a adhéré
au camp de la majorité présidentielle.
Mon intervention, d’aujourd’hui, retracera l’historique depuis
l’accord du 23 mars, jusqu’au jour où le gouvernement de Kinshasa a
pris la décision de nous abattre : Nous étions convenus avec le
gouvernement de Kinshasa que les forces intégrées ne seront déployées
que dans les deux Kivu pour combattre toutes les forces négatives
étrangères et les groupes armés réfractaires aux accords de paix du 23
mars, afin de permettre aux refugiés congolais et aux déplacés de
guerre de regagner leurs contrées d’origine. Bien qu’ayant
chaleureusement adhere au projet, durant les trois ans passés au sein
des FARDC, le gouvernement de la République ne nous a jamais dotés des
moyens nécessaires pour éradiquer ces forces négatives étrangères et
les autres groupes armés ciblés à cet effet.
Pire, il s’était installée, au sein même de l’armée nationale, une
discrimination envers les militaires des ex-mouvements rebelles qui ne
bénéficiaient pas du même traitement que leurs collègues de
l’ex-composante gouvernement. Alors que ceux du gouvernement
touchaient leur solde sur base de grade, ceux des composantes
ex-rebelles recevaient un montant forfaitaire et inconstant. A titre
d’exemple un Colonel ex-cndp percevait l’équivalent de la solde d’un
caporal de l’ex-composante FARDC. Durant toutes ces années passées
au sein des FARDC, nous avons été humiliés et dénigrés n’eut été la
sagesse de notre part, nous aurions quitté le processus juste quelque
temps après l’intégration (c’est-à-dire vers fin 2009 déjà!). Nous
avions, à maintes reprises, demandé que soient respectés les accords
signés le 23 mars 2009, mais une fin de non recevabilité était
réservée à notre requête et en lieu et place nous avions subi des
menaces et deux d’entre nous qui avaient signé une pétition, ont été
radiés de l’armée pour cela.
Bien que nous nous étions convenus que les militaires intégrés ne
seraient déployés que dans les deux Kivu, nous avons accepté, par
patriotisme, que certains d’entre nous aillent servir sous le drapeau
contre les INYELE à DONGO dans la province de l’Equateur, mais hélas,
certains avaient été assassinés par leurs « frères » d’arme de
l’ex-composante gouvernemental, tandis que d’autres ont subi des
traitements inhumains et dégradant avant de les laisser regagner Goma.
D’autres, 59 d’entre nous, qui étaient partis à DUNGU pour combattre
les LRA et les ADF-NALU ne sont jamais retourné (à l’exception d’un
rescapé qui s’etait échappé par le soudan et qui nous a reporté les
circonstances de la mort de ses collègues, tués par le major
responsable du bataillon qui, au lieu d’être poursuivi en justice, a
été promu au rang de Lt Colonel en guise remerciement de la part du
gouvernement de Kinshasa.
Il en est de même des militaires ex-CNDP qui ont été déployés dans des
opérations à Kindu, trois d’entre eux ont été lapidés par la
population au motif qu’ils étaient des rwandais. Le Nord-Kivu n’est
pas laissé en reste : dans cette discrimination organisée contre les
militaires ex-cndp intégrés après les accords du 23 mars 2009, le
Colonel YAV, alors commandant secteur, avait fait assassiner le Lt
Colonel ALI, sur l’axe Rumangabo-Rutshuru, et toutes les preuves
avaient été présentées à la hiérarchie, mais aucune poursuite n’a
jamais été menée en son encontre…
Durant les trois ans passés au sein des FARDC, nous n’avons fourni
aucun effort pour dénoncer toutes les injustices, la corruption et le
détournement des fonds alloués aux militaires et qui n’arrivaient
jamais à la base. Nous étions profondément préoccupés par les
répercussions de ces injustices sur l’avenir de l’armée et de notre
pays, symboles majeurs de la souveraineté nationale; c’est pourquoi,
en tant que patriotes, nous avons attendu 3 ans pour méditer
suffisamment, avant de décider, en âme et conscience, de nous
insurger contre tous ces fléaux. Drogués en permanence dans l’espoir
de se soustraire de la dure réalité de la vie qui leur est imposé par
des gouvernements prédateurs, manque des soins pour les blessés de
guerre, la corvée de débrouille, les vols, les extorsions, bref, la
vie infra-humaine que mènent les militaires congolais, dans
l’indifférence arrogante de la hiérarchie militaire et civile, la peur
bleue surtout du risque constant de voir nos éléments se contaminer
par ces antivaleurs ainsi que celle de participer à ce crime organisé
contre la nation et son peuple, nous avaient poussés à franchir le
Rubicon.
Tout citoyen congolais est touché par l’institutionnalisation de la
corruption dans notre pays mais quand le mal ronge l’armée, cela
devient plus qu’inquiétante et tout patriote devrait le dénoncer.
Nous avons fais trois ans au sein des FARDC sans solde alors que nous
avons passé les épreuves du contrôle physique et l’enregistrement
biométrique. Où va la solde destinée aux militaires ? C’est une
question taboue dans l’armée et, de plus en plus, les politiciens
perdent leur langue quand il s’agit de dénoncer le mal. Toute personne
qui en parle devient l’ennemi numéro un du régime KABILA : Ils ont
tué le Lt. Colonel BULIMASO à Masisi, ils ont tendu une embuscade au
Lt. Colonel Kifaru à Walikale, Le Colonel Byamungu a été attaqué dans
son Quartier Général à Uvira, Les Lt Colonel Saddam et Nsabimana
attaqués à Fizi sans que moi qui était commandant des opérations au
Sud-Kivu je ne sois informé. La chaine de commandement n’existe pas
dans les Forces Armées de la République Démocratique du Congo.
Alors que la situation devenait de plus en plus tendue, le Chef d’Etat
Major Général des FARDC au lieu de calmer le jeu et de résoudre les
problèmes au sein de l’armée, il a mis le feu aux poudres : Il a
appelé le Colonel Baudouin NGARUYE à Goma pour recevoir le briefing
pour rejoindre, son nouveau poste d’attache à Shabunda, en
remplacement du Colonel KABUND, en lieu et place du briefing il fut
humilié et désarmé devant soldats et caporaux ; le même sort fut
réservé au Colonel Zimulinda, alors qu’il était convié à une réunion
avec le Chef d’Etat Major Général des FARDC. Certains militaires
ayant senti venir les menaces, se sont vite retranchés dans les
montagnes de Masisi pour se protéger contre l’inconnu que ces
comportements du gouvernement Kabila venaient d’adopter vis-à-vis des
Officiers supérieurs ex-CNDP intégrésdans les FARDC. Le Colonel
BIYOYO(Officier ex-CNDP Shi) fut intrepellé, désarmé, arrêté et
transféré à Ndolo (à plus de 1000 km de sa famille). Enfin nous avons
fait avec l’état Major Général beaucoup de réunions dans lesquelles
j’ai dénoncé toutes les antivaleurs(la corruption, le non respect de
la chaîne de commandement, le clientélisme, l’affairisme et le
tribalisme qui s’installaient au sein de l’armée) et ces exactions à
l’égard des militaires rwandophones et non rwandophones et, la seule
réponse qui m’avait été réservée c’est l’embuscade qui m’avait été
tendue à Nyabibwe, en Mai dernier, alors que je venais de Bukavu pour
Goma, en réponse à l’invitation du CEMJ-Force terrestres.
Excellence les représentants des Evêques membres de la CENCO, vous
êtes les premiers à avoir dénoncé avec force la culture du mensonge,
de la tricherie, du vol qui s’installent au sommet de l’Etat, nous
avons, dans l’armée apprécié à juste titre cette très grande
contribution, qui consistait à rappeler aux autorités congolaises leur
rôle des dirigeants. Vous savez bien que la question de la
Balkanisation est un mensonge grossier inventé par le gouvernement
Kabila pour embarquer le peuple congolais tout entier dans ses
mésaventures bellicistes au Kivu. L’histoire est têtue, mais il
semble que les congolais n’apprennent rien de leur histoire : en 1998
lors de l’avènement de l’AFDL, ce sont les mêmes personnes qui
criaient à la Balkanisation, je parle du Prof Kin Kye et le très
eternel Ministre de la communication Lambert Mende Omalanga. A
l’époque c’était pour discréditer et empêcher le père de celui qu’ils
servent aujourd’hui à hériter le pouvoir. Nous avions entendu la même
rengaine lors de la rébellion du RCD et celle du CNDP. Cela n’étonne
personne que ce pouvoir, à mal de légitimité, utilise un discours
nationaliste pour se rallier les congolais, mais de là, réussir à
embarquer même les Evêques, cela nous imposent des questions !
En tant que deuxième personnalité du Mouvement du 23 mars, au nom de
notre Président (qui est aussi un Bishop) nous disons au peuple
congolais que le M23 est un Mouvement National pour libérer tous les
congolais, et que la balkanisation n’existe que dans l’imaginaire de
Mende pour distraire le peuple congolais et prolonger son, peu
soit-il, son séjour au pouvoir. Le Congo est un et indivisible, il
restera uni et les Congolais doivent être unis derrière le M23 pour
se défendre contre cette nouvelle féodalité compradore que Kabila tend
à installer à Kinshasa.
Quant à la question de l’aide que le M23 bénéficierait du Rwanda, le
récent retour en pleine journée de tout un bataillon des militaires
rwandais vêtus en uniformes congolais, a mis à nu les mensonges du
gouvernement Kabila qui croyait qu’il continuerait à tromper
éternellement au peuple congolais. Le M23 félicite la population de
Rutshuru qui a refusé de céder à la manipulation des politiciens de
Kinshasa. Cette population a compris que, finalement, à chaque fois
que le pouvoir de Kinshasa est menacé, il appelle le peuple à la
solidarité alors que les FDLR ont toujours constitué la source
principale de l’insécurité, mais le gouvernement de Kabila n’a jamais
utilisé autant des moyens que ceux déployés pour combattre le M23 !
Pour terminer, leurs Excellences, permettez-moi de rappeler à
l’opinion qu’au lendemain des élections présidentielles, les Evêques
du Congo s’étaient levés, comme un seul homme, pour dénoncer les
fraudes massives dont étaient entachés les scrutins.
Nous retirer dans les montagnes de Runyoni (où le gouvernement de
Kabila nous a attaqué, car c’est lui qui avait pris l’initiative de la
guerre dans l’espoir de nous anéantir en un clin d’œil, dans une sorte
de guerre-éclair, conscient d’avoir totalement réussi à nous
désorganiser par l’atomisation de nos troupes ex-CNDP en plusieurs
régiments) était, pour nous, une façon de suivre votre mot d’ordre.
Chers Messeigneurs, qu’est-ce qui s’est donc passé depuis ? Avez-vous
changé de point de vue où tout simplement les réalités ont-elles
changées ? Si tel est le cas, leurs Excellences, je voudrai, au nom de
toute ma délégation, que vous :
1. Rassuriez le peuple congolais que les élections se sont
déroulées en toute transparence, liberté et régularité,
2. Rassuriez le peuple congolais que toutes les forces négatives
étrangères qui sèment l’insécurité et la désolation à l’Est de la
RDCongo, ont toutes étaient éradiquées,
3. Rassurez le peuple congolais que l’insécurité est terminée sur
tout le territoire congolais du Sud-Kivu au Katanga, en passant par la
province Orientale.
4. Rassuriez le peuple congolais que tous les réfugiés congolais
vivant à l’étranger et les déplacés internes ont été rapatriés et
réinstallés.
5. Rassuriez le peuple congolais que le social du congolais a
été amélioré au point que le salaire est devenu décent et régulier,
6. Rassuriez le peuple congolais que la justice est exercée
partout et sur tout congolais.
Si vous nous rassurez solennellement de tout cela, Excellences, nous
sommes prêts à déposer nos armes et à vous suivre à Goma, pour mettre
fin aux hostilités.
Apres les applaudissements des Evêques, L’Evêque de Goma a pris la
parole pour dire au Président à l’intérim du Mouvement, le Colonel
Makenga SULTANI, qu’ils ont écouté attentivement, qu’ils sont
désormais informés et satisfaits des assurances que le M23 a donné
concernant la balkanisation.
Pour terminer son mot, le chef de la délégation des Évêques de la
CENCO, a demandé ce que le M23 attendait de l’Eglise.
Prenant la parole, l’Administrateur du territoire de Rutshuru,
Monsieur Benjamin MBONIMPA, est revenu sur la balkanisation en disant
que c’est une intoxication, un stratagème pour se dérober de ses
devoirs régaliens et qui ne relève que de la fiction et des
supputations du gouvernement congolais. Aussi le M23 demande-t-il aux
Evêques d’être rassurés que la balkanisation n’existe que dans la tête
de Kabila et de celles de membres de son gouvernement et demande à
cette délégation de corriger le message qu’elle a donné à la
population en prêtant des intentions au M23. La délégation du M23 a,
enfin, exhorté les Evêques à dire fidèlement ce qui est, réellement,
sorti de la bouche de l’autorité numéro un du M23, à savoir que, si
cela ne peut dépendre que du M23, la Balkanisation n’existera jamais
au Congo. A cet effet, le Colonel MAKENGA priera aux évêques de
rapporter que les symboles de l’Etat congolais n’ont pas été touchés :
le drapeau flotte et l’hymne national est partout chanté. «
La rédaction www.m23.org
