La présence de Kabila : Craintes et espoirs au Congo


Kabila ne briguerait pas le pouvoir en RDC

Pourquoi alors parler encore de lui ? Voici une autre réflexion, à chaud, sur la présence et le discours attribué à Joseph Kabila.

Considérons certaines analyses ; telles celle celles générées par des outils d’IA comme ChatGPT.  Selon elles, le discours attribué à Joseph Kabila mérite d’être pris avec précaution. Il s’agit de l’allocution qui aurait été prononcé à Goma, le 2 juillet 2025. Il ne serait ni vérifié, ni relayé par des sources dites officielles.  Cela dit, le débat qu’il suscite, lui, est bien utile. Pour tout esprit en quête de vérité, de paix, de prospérité, cette discussion peut être une aide à la réflexion.

Car qu’on l’aime ou qu’on le redoute, une chose est claire : Kabila fait encore parler de lui. Sa présence à l’Est dérange, inquiète, ou rassure, selon la classe politique dont on est proche. Et cela en dit long sur l’état de la République.

Pour beaucoup de Congolais de l’Est, ce n’est pas tant l’homme qui intrigue, mais le vide laissé derrière lui. Un vide sécuritaire, institutionnel, symbolique.  Un vide que Kinshasa peine à combler.  Alors, quand un ancien président réapparaît, dans une région longtemps oubliée, cela secoue. Cela suscite des interrogations, cela réveille des espoirs chez certains… Et des peurs chez d’autres.  Il y a là, en effet, un vide. Une lacune que Kinshasa n’a pas été capable de combler. Un manque qu’il ne sera pas en mesure d’assouvir ; faute d’en posséder les moyens.

Peurs fondées ?

Oui. Si la présence d’un ex-chef d’État alimente les rumeurs de partition, c’est bien parce que la République se délite.  Parce que l’Est du Congo souffre, isolé, meurtri, trahi. Parce que lorsque le centre abandonne ses marges, les marges se réorganisent. Et parfois, avec les moyens du bord ; tandis que souvent, avec des acteurs ambigus.

Mais ces craintes sont aussi le fruit d’une gestion catastrophique du pouvoir actuel. Et, des pouvoirs qui ont précédé ce dernier.  Militarisation sans stratégie, accords opaques, mépris des réalités locales et du vœu populaire. L’absence d’un État crédible et juste, donne à un discours fort une dimension et une apparence politiques. Quand bien-même celui-ci serait trouble.

Alors, que pensons-nous, nous, fils de l’Est ?

Nous voyons la faillite d’un système hypercentralisé, fondamentalement colonial, esclavagiste et dictatorial.  Un système politique qui n’a jamais intégré l’Est. Sinon que comme un réservoir de minerais, un théâtre de guerre, ou une zone tampon, périphérique.  Nous voyons aussi la nécessité urgente de repenser l’unité du Congo : pas en théorie, mais en actes.  Une nécessité de créer un Congo nouveau, indépendant.  Un Congo qui n’ait rien à voir avec la vision lumumbiste du pouvoir et de l’État.

L’unité ne viendra pas d’un slogan, selon nous.

Elle viendra :

  • d’un contrat social totalement réécrit par tous les Congolais, par nos royaumes et nos empires, reconnus souverains ;
  • d’un dialogue franc avec les communautés blessées, les peuples jusqu’ici reniés ;
  • d’une autonomie réelle de chaque État issu de ce contrat social national, où les états libres et indépendant se gèrent eux-mêmes, avec le souci de transformer leur unité factice du moment en une réelle union d’États indépendants, libres, unis, prospères ;
  • et d’un leadership honnête, ancré, courageux, qui ne joue pas la carte des divisions ethniques ni des complicités régionales hégémonistes.
Créera-t-on un jour une unité du Congo ?

Une unité du Congo, de l’Afrique Centrale, ou de l’Afrique tout entière ? Cette démarche que propose le Projet 2014 n’est-il pas un leure ?

Oui — si nous la voulons vraiment, l’unité du Congo reste possible, mais demandera encore du temps.  Nous ne retrouverons pas une unité qui n’a jamais existée : nous la créerons de nos mains.  Mais pas en récitant les discours de Léopoldville ou de l’OUA.  Cette unité ne passera par une décentralisation intelligente, une mémoire réhabilitée, une justice restaurée.  L’unité ne se décrète pas. Elle se mérite.  Cette unité sera l’œuvre d’hommes résolus à s’humaniser ; à glorifier leur Créateur, à honorer la gente humaine.  Et pour cela, il faut du courage. Le courage d’écouter ceux qui n’ont jamais eu voix au chapitre. Le courage d’admettre nos erreurs collectives.  Et le courage de tourner le dos à ceux qui veulent faire du Congo un butin, et non une nation. Que ces hommes viennent de l’Est ou de l’Ouest, du Nord ou du Sud. L’instruction, la formation, l’éducation et l’implication de nos peuples, dans le projet d’unité nationale, demande plus ou moins 20 ans. Or, elles ne sont pas encore commencées !

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Auteur : Graphèle Paluku-Atoka Uwekomu

Formateur en informatique Président de l'ASBL Échanges Afrique-Europe EAE ASBL

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