Quels projets pour le territoire de Mahagi dans l’Ituri ?
- Projet eau potable
- Projet emploi
- Projet hydroélectricité
- Projet sécurité
- Projet Santé/Ramogi
- Projet Agroalimentaire/Mahagi+Djugu (Décembre 2017, IDIC ASBL et EAE ASBL)
Nous avons mené une enquête préliminaire dans Mahagi (Territoire alors, district aujourd’hui ?) qui n’a porté que sur 60 personnes. Visée : connaître les 10 besoins prioritaires des mahagiens. Le résultat de l’enquête se trouve ici.
Pi = nombre de personnes qui classe le besoin (Problème) à l’ordre (Position) i.
Problème | P1 | P2 | P3 | P4 | P5 | ST |
Eau | 30 | 22 | 6 | 2 | 0 | 60 |
Électricité | 27 | 24 | 3 | 2 | 1 | 57 |
Travail | 2 | 4 | 2 | 3 | 1 | 12 |
Sécurité | 1 | 8 | 39 | 10 | 1 | 59 |
Pour nos 60 enquêtés, l’eau potable est donc le premier problème que le territoire de Mahagi doit résoudre et le deuxième problème est l’électricité. Tout semble logique jusque-là. La sécurité et l’emploi suivent les deux premiers.
Dans le cadre de l’EAE ASBL, nous sommes prêt à accompagner les mahagiens dans la recherche active des solutions durables. Mais il faut que les mahagiens bougent, le veuillent, l’acceptent !
CADEMA ASBL (http://www.alur-cadema.cd/) est à pied d’oeuvre dans Mahagi et mobilise déjà avec succès autour de plusieurs projets importants :
(1) les routes ;
(2) la formation des universitaires qui entrevoient de rentrer demain travailler dans et pour Mahagi.
Dès que possible, un travail en synergie permettra certainement d’aller plus vite, avec des projets plus importants.
La politique adoptée actuellement par la Fédération Wallonie-Bruxelles peut certainement être profitable au territoire (district) de Mahagi. Les décisions tardent à se prendre, côté mahagiens ; cependant, tout indique que les choses évoluent dans le sens d’une prise de conscience de la nécessité de passer du colonialisme à la coopération d’une part ; et d’autres part, de l’imposture à l’indépendance de Mahagi.
Caractéristiques de la population
Contrairement aux autres contrées de la RDC, le district de Mahagi est essentiellement et majoritairement peuplé des peuples nilotiques (Alur, Nodo, Okebu) et soudanais (Lendu). C’est donc un monde à part, en RDC, pays essentiellement peuplé de bantous. Il s’y parle l’alur, le lendu, le swahili, le bangala, le ndo, l’okebo, le français et les autres langues d’allochtones, tel que l’anglais ! Les mœurs et mentalités y sont totalement autres que celles que l’on rencontre dans le monde bantou de la RDC, mais complémentaires aux mentalités bantoues et à certains égards identiques.
Pendant longtemps, pour survivre dans Mahagi il fallait absolument parler l’alur ou le lendu. Aujourd’hui, Mahagi est nettement plus ouvert que par le passé ; mais aussi, les mœurs y sont de plus en plus spoliées par les allochtones et cela crée un certain malaise chez plusieurs et rajoute aux conflits internes des conflits avec les immigrés et avec les voisins.
Les activités principales auxquelles se livrent les autochtones sont : l’agriculture, l’élevage, la pèche, la chasse, l’exploitation artisanale et souvent illicite des matières précieuses, le commerce intérieur, l’import-export, les métiers (Maçonnerie, charpenterie, mécanique automobile, les arts et bien rarement, la musique moderne…). Nous souhaiterions avoir des statistiques fiables sur la réalité mahagienne, mais la communication rend ce travail difficile.
L’exploitation des mahagiens, comme de toute la population congolaise, par l’État, est scandaleuse. Un cultivateur mahagien gagne, à peine, 3$/jour ; alors que le coût de la vie, pour un ménage de 4 à 6 personnes, n’y est pas inférieur à 217$/jour. Cette situation est le résultat d’une compromission regrettable, du congolais en général et du mahagien en particulier, avec les régimes qui se succèdent à Kinshasa. Cette compromission a commencé depuis 1960 déjà, avec l’adoption du Mouvement National Congolais de Patrice Eméry Lumumba ! Mahagi est alors successivement tombé dans le piège de la démagogie du MNC de P. E. Lumumba, du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR) de J. D. Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Zabanga, de l’AFDL de Laurent Désiré Kabila et aujourd’hui du PPRD de Joseph Kabila Kabange. Plusieurs mahagiens sont morts, héroïquement ou bêtement, dans de nombreuses intrigues de toutes sortes, comme conséquence de cette compromission. Personne ne se soucie encore de défendre la mémoire de ces mahagiens, jusqu’à présent. Et avec eux, beaucoup d’autres congolais et étrangers qui vivaient dans le territoire de Mahagi…
Fondamentalement, sur le plan socio-économique, Mahagi est un monde plutôt « capitaliste » que « socialiste ». Contrairement au reste de la RDC qui a le cœur généralement à gauche ; surtout à l’Ouest. Les affaires, de tailles encore médiocres dans tout Mahagi, sont du type familial, patriarcal, au sens strict du terme. Cependant, depuis la crise identitaire créée par le mobutisme, Mahagi change, se spolie, perd son hégémonie d’antan dans l’Ituri économique et culturel.
Mahagi est frais comme dans le territoire (district) voisin de Djugu. Les fruits arrivent à maturité nettement moins vite que dans le territoire d’Irumu. En revanche le climat se prête bien à la culture des légumes. La localité de Rethy notamment devrait vite bénéficier d’industries de l’agroalimentaire pour exporter vers tout le reste du voisinage de la cité de Mahagi, de l’Afrique et même, du reste du monde.
Le sous-sol mahagien contient de l’or, du pétrole, du verre, du coltan, du mercure, de la silice, du fer, de soufre et de l’argile (De l’aluminium ?)… La démission des mahagiens face à leur responsabilité explique la misère mahagienne qui s’oppose avec la richesse de sa faune, de son sol et de son sous-sol.
Quelques rares mahagiens seulement vivent en exil. Les autres se retrouvent sur dans la ville de Bunia, la capitale de l’Ituri devenu récemment une province à Kisangani et à Kinshasa. Nous ne connaissons que 5 ménages de mahagiens en Belgique ! Les ressortissants de Mahagi qui vivent en dehors de Mahagi laissent leur district (ex-territoire) en manque de ressource intellectuelle utile – mais pas indispensable ! Il faut compter 20 à 30 ans avant qu’il ne soit possible à Mahagi de retrouver ces fils qui dynamiseront le développement local. Des espoirs existent : partout, les mahagiens bossent durs comme leurs aïeux et cela peut rassurer tout Mahagi sur le long terme. En revanche, Mahagi a perdu quelques figures de proue qui l’animaient, qui le mobilisaient et même, qui le vitalisaient. Cependant, beaucoup jeunes mahagiens ont pris la relève au plan économique et même politique. La production des politiciens reste très mitigée, alors que les commerçants alurs se défendent nettement mieux. Culturellement, Mahagi produit de cerveaux, mais ceux-ci ne font pas parler d’eux parce que peu en contact avec l’Occident où se produisent les découvertes scientifiques et technologiques.
Sur les 57 ans d’indépendance, d’un point de vue stratégique :
Mahagi n’a développé aucune nouvelle technologie propre que nous connaissions . Rien dans tout : électricité, mécanique, biotechnologie, agronomie, zootechnie, chimie, pharmacie, médecine, pèche, télécoms, informatique, électronique, aéronautique, hydraulique, sociologie, histoire, langues, etc. Un dictionnaire alur serait en cours d’élaboration, mais personne n’en parle à l’échelle internationale, parce que la connaissance de cette langue devient de moins en moins utile pour le non-mahagien. La métallurgie jadis connue des alurs n’est plus connue des jeunes. Plusieurs jeunes alurs de la diaspora ne savent même pas comment labourer la terre ou comment faire paître un troupeau de vaches.
Tout le savoir valorisable que produisent les mahagiens, c’est à l’extérieur de Mahagi. Bien que Mahagi possèdent beaucoup de cerveaux et de techniciens de grandes valeurs, personne ne les connait, même dans Mahagi. Leurs productions sont restées dans leurs universités respectives, extérieures à Mahagi. Même pour ceux qui sont rentrés sur terrains (très peu), seuls les médecins peuvent prétendre restituer aux mahagiens le bénéfice des éducations, des instructions ou des formations suivies. Plusieurs intellos mahagiens sont à Kinshasa, Kisangani, Lubumbashi ou en dans dans d’autre pays.
Il n’existe aucune stratégie ambitieuse et visionnaire, démocratique, pour développement pour Mahagi que nous connaissions ou qui soit connu des mahagiens et qui soit le fruit du travail des mahagiens. Quelques ASBL, ONG ou coopératives fonctionneraient bien dans Mahagi. L’impact de leur travail serait appréciable aux yeux de certains. Cependant, beaucoup reste encore à faire. L’électricité et l’eau courant sont des denrées rares dans Mahagi. La grande majorité d’élèves de Mahagi n’ont pas encore manié ni vu un ordinateur, voire une tablette ou un téléphone. Plusieurs familles ne mangent la viande qu’aux grandes fêtes : noël, bonne-année, indépendance nationale, anniversaire ou encore aux deuils et aux levées de deuils…
L’avenir de Mahagi reste donc encore – pour deux à trois décennie, sauf miracle – entre les mains des irresponsables : politiques, scientifiques, ingénieurs, ecclésiastiques, scientifiques, artistes, administrateurs et entrepreneurs mahagiens qui trônent à Kinshasa ou à Bunia, la capitale de la provinciale de l’Ituri.
Dans le cadre du FEEC puis de l’EAE ASBL, nous avons initié quelques projets dans Mahagi. Pendant deux ans, le FEEC a offert au personnel de l’Institut d’Aungba, grâce à la générosité de trois personnes, des primes d’encouragement. Le projet FEEC, qui devrait aboutir à la connexion de l’Institut d’Aungba au Net en haut débit a fini par s’arrêter, faute de répondant local à la hauteur du maintien d’une communication permanente avec Bruxelles.
Depuis un mois, deux projets sont sur chantiers au bénéfice de la localité de Ramogi (Projet Santé) chez les mukambo et des districts de Mahagi et Djugu (Projet Agroalimentaire). Il est encore trop tôt pour parler d’impact de ces projets.
Tableau synoptique des projets
Ce lien-ci vous permet d’avoir une vue d’ensemble des projets que nous proposons, avec leurs problématique, origines, conséquences, solutions, coûts, objectifs, groupes-cibles, etc.
Nous sommes en train de systématiquement remplacer le projet « hydroélectricité » par un projet « électricité ».
Nous nous disons qu’il ne sert à rien de négliger certaines sources d’énergie électrique au profit d’autres, parce que, au Congo, l’eau ne représenterait que les 10% de nos besoins, selon les données que nous avons de la SNEL…
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